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Sur un « scandale » qui n’en est pas un

Les réseaux sociaux en ont fait un « buzz », les médias leurs choux gras et les habituels pacifistes qui voudraient que l’on affronte le mal absolu avec des brassées de fleurs (ou, encore mieux, qu’on ne l’affronte pas du tout, dans la grande tradition munichoise…) s’en sont émus. La guerre au Mali a donc généré son premier « scandale » : un légionnaire du 2ème Régiment Etranger Parachutiste (2ème REP) a été photographié, il y a quelques jours, arborant un foulard à tête de mort, inspiré par le jeu « Call of Duty » (et que tout un chacun peut se procurer sur Amazon pour 9, 90 Euros). « Glaçant », « scandaleux », « inacceptable » ont été les qualificatifs les plus modérés employés par les commentateurs.

Que ceux-ci soient confortablement installés dans leurs fauteuils à Paris ou dans de douillets bureaux de l’état-major n’est sans doute qu’un détail mais on permettra de le souligner : il est plus facile de juger du « politiquement correct » dans le calme de son bureau, un café (ou un double whisky sec) à portée de la main que sur le terrain, à plusieurs milliers de kilomètres de là, exposé aux balles et aux embuscades.

Donc cette image serait obscène et insupportable. Je ne le pense pas.

J’ai la faiblesse de croire que ce qui est obscène et insupportable, ce sont les images d’otages exhibés comme des animaux à l’abattoir dont on se sert depuis des années pour faire fléchir la volonté de ceux qui nous gouvernent. Ce qui est obscène et insupportable, ce sont ces prisonniers du djihad que l’on égorge devant des caméras. Ce qui est obscène et insupportable, c’est le sort affreux de « Denis Allex », ce militaire du Service Action de la DGSE assassiné par ses geôliers somaliens après trois ans de détention, et aussi le cadavre de ce combattant des forces spéciales tombé en tentant de le libérer et que l’on nous montre, étalé sur une couverture au milieu de ses armes désormais (hélas) inutiles. Ce qui est obscène et insupportable, ce sont les mains coupées, les femmes fouettées ou lapidées, les petites filles interdites d’école, les hommes tués au nom de la sharia pour un regard, une poignée de main ou un air de musique écouté en cachette. Ce qui est obscène et insupportable, ce sont les dizaines d’expatriés assassinés par les terroristes à In Amenas il y a une semaine.

« L’affaire du foulard », elle, est une « non actualité ». Un « non incident ». Le photographe qui a pris le cliché s’en est d’ailleurs expliqué : le légionnaire ne posait pas, ne provoquait pas. Simplement, alors qu’un hélicoptère se posait, soulevant un nuage de poussière et de sable, il a relevé son foulard pour se protéger. Certes, il aurait peut-être mieux valu que ce guerrier arbore un foulard Hermès, mais bon, il est légionnaire et les légionnaires ont un folklore bien à eux, un peu plus viril que la moyenne, disons. Et leur solde ne leur permet pas de se payer des foulards Hermès. Alors, il s’est acheté celui de Call of Duty, pour 9,90 Euros. Certes, certes, il y a sans doute un message : « En portant ce masque annonciateur de mort, ce légionnaire, fidèle à la réputation de son corps, montrait sa détermination à tuer et sa capacité à encaisser les chocs », comme l’écrit l’un de mes amis dans un papier plein d’humour sur son remarquable blog[1].

Un porte-parole de l’état-major a annoncé « une enquête » et des sanctions. On ose espérer qu’il n’en sera rien. La Légion est une arme magnifique, dont les membres, quelles que soient la couleur de leur peau, leur religion et leur nationalité d’origine, sont mille fois plus « français » que ne le seront jamais beaucoup de ceux qui les critiquent : ils sont français par la grâce d’un pacte aussi vieux que l’humanité, celui de la vie risquée et du sang versé

pour le drapeau et pour le pays.

Ce que la Légion fait au Mali, ce que l’armée française toute entière fait au Mali, c’est ce qui aurait dû être fait depuis longtemps : défendre les populations locales contre les exactions des bandes armées et combattre et éradiquer – oui, j’ai bien écrit « éradiquer » - le terrorisme. Nos armées sont en première ligne (et, faut-il le rappeler, seules…) dans une guerre qui nous a été imposée et qui est nécessaire.

C’est cela qui est important. Pas la couleur d’un foulard. Au Mali, la Légion fait la guerre. Elle ne participe pas à un défilé de mode de la rive gauche

[1] http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/2013/01/23/cest-pas-que-vous-me-genez-monsieur-fernand-mais-je-ne-sais-pas-si-ca-va-bien-vous-plaire

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